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En 1912 naissait en Allemagne, une petite fille. Son père exerçait le métier de marinier. Sa mère (dont on ne connaît pas la date de naissance) s'était mariée une première fois et avait déjà trois enfants de ce premier mari décédé, 4 donc à présent avec la venue de cette petite fille du deuxième mariage.
En 1917 lors de l'épidémie de grippe espagnole, les deux parents de cette petite fille moururent, et les 4 enfants furent placés en orphelinat, avant d'être séparés lors de placements familiaux quasi immédiatement. Les parents du premier mari, hollandais, recherchèrent leurs trois petits enfants et les réunirent sous leur toit, mais personne ne se préoccupa de la dernière née, qui fut donc (à partir de 5 ans) employée dans une ferme près de la frontière française en tant qu'aide familiale, pour seconder la mère de famille qui avait 5 garçons.
Lorsque la petite fille eut grandi un peu, on l'envoyait "en villégiature" en été : elle traversait la frontière pour des travaux saisonniers dans une conserverie de Wissembourg.
Plus tard, elle fut servante dans une exploitation agricole et un restaurant, toujours en France, près de la frontière, et c'est là qu'elle rencontra l'homme avec lequel elle allait se marier en 1934.
Cet homme était bûcheron et charbonnier, et ils passèrent les premiers temps de leur union dans un petit village perdu au milieu de la forêt, village qui sera entièrement rasé pendant la guerre, il n'en restera que cette unique maison :
Anna était ma grand-mère maternelle, une femme que je n'ai jamais vue inactive : elle jardinait, cousait, tricotait... Elle avait coutume de dire : "une femme n'est jamais assise les mains vides, il doit toujours s'y trouver un ouvrage". Sourire, je crois bien que je tiens un peu d'elle. D'ailleurs, mon troisième prénom est Anne, d'où le A de E.M.A. La voici telle que je l'ai connue, me portant fièrement dans ses bras.